Origine et histoire de la Saline royale
Construite entre 1775 et 1779 d’après les plans de Claude‑Nicolas Ledoux, l’ancienne saline royale d’Arc‑et‑Senans forme un vaste enclos en demi‑cercle où s’organisent logements et ateliers autour de la maison du directeur. Le parti pris géométrique et la qualité de l’architecture — péristyles, colonnes, frontons, calcaire en pierre de taille, toitures en tuiles et décor en rocaille — ont valu au site un classement au titre des Monuments historiques en 1926 et son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO dans les années 1980. Le demi‑cercle réunit les lieux de production (bernes, tonnellerie, maréchalerie), les logements des ouvriers et des commis, la maison du directeur avec sa chapelle et, en façade, le bâtiment d’entrée qui contrôlait les accès. Entre les constructions et le mur d’enceinte, des jardins complétaient l’organisation du site.
La saumure était acheminée depuis Salins‑les‑Bains par un saumoduc puis concentrée dans un bâtiment de graduation conçu pour augmenter la salinité par évaporation sur un large dispositif ; la saumure ainsi concentrée était stockée dans un bassin avant d’être portée dans les bernes est et ouest, où elle était chauffée dans des poêles. La technique évolua au XIXe siècle, rendant le bâtiment de graduation inutile et entraînant sa disparition.
La saline n’atteignit pas les rendements escomptés : la production resta inférieure aux objectifs et culmina à environ 4 000 tonnes par an ; l’activité déclina et la manufacture cessa de produire du sel en 1895. Après des usages secondaires, l’ensemble fut acquis en 1927 par le département du Doubs puis restauré à partir des années 1930 ; l’architecte Julien Polti intervint en 1936 pour recréer les toitures des bernes et y adjoindre des charpentes en béton armé. Trois campagnes de restauration se sont succédé jusqu’en 1996.
Ouverte au public, la saline accueille aujourd’hui des visites et des manifestations culturelles : expositions temporaires, colloques et séminaires, ainsi qu’un musée consacré à Ledoux dans le bâtiment de la tonnellerie. Le site, souvent cité comme expression d’une utopie architecturale, illustre la volonté d’organiser l’industrie, l’habitat et le symbole dans un même projet.